Retraites complémentaires Agirc-Arrco : ce changement qui pourrait pénaliser les salariés du privé à partir du 1er janvier 2023

  • Retraites complémentaires : pourquoi la réforme du recouvrement des cotisations fait craindre des erreurs ?
    Retraites complémentaires : pourquoi la réforme du recouvrement des cotisations fait craindre des erreurs ? Image par Sabine van Erp de Pixabay
Publié le , mis à jour
Elsa P.

l'essentiel Selon les organisations syndicales et patronales, ainsi que les institutions de retraite complémentaire, la réforme prévue le 1er janvier 2023 pourrait être source de nombreuses erreurs, au préjudice des salariés du privé.

A partir du 1er janvier prochain, l’Urssaf sera en charge de la collecte des cotisations de retraite complémentaire des entreprises du secteur privé, tâche jusqu'ici assurée par l'Agirc-Arrco. Ceci concernera les entreprises soumises au versement en lieu unique (9 170 entreprises, soit 5,6 millions de salariés). Et pour les reste des sociétés, ce transfert aura lieu le 1er janvier 2024.

A lire aussi : Retraites complémentaires Agirc-Arrco : la décision est tombée, découvrez de combien seront revalorisées les pensions

Le but ? Faciliter les démarches des entreprises, qui n’auraient plus qu’un seul interlocuteur, et faire des économies : selon l'Urssaf, l’amélioration du recouvrement permettrait un bénéfice de 400 millions d'euros.

Cette réforme, prévue par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2020, devait initialement entrer en vigueur le 1er janvier 2022, mais a été repoussée, en raison notamment de la crise sanitaire.

De possibles erreurs ?

Cependant, depuis plusieurs mois, les organisations syndicales et patronales, ainsi que les institutions de retraite complémentaire, alertent le gouvernement sur les difficultés techniques existantes, rendant selon eux impossible la réussite du transfert à la date prévue. Ils doutent de la fiabilité du recouvrement des cotisations et craignent des erreurs, qui pourraient impacter les droits à la retraite des salariés du privé. Dans un courrier commun, datant de fin septembre, les partenaires sociaux ont ainsi demandé au gouvernement le report de la réforme. En vain.

Ce jeudi dans Le Parisien, des représentants syndicaux et patronaux ont à nouveau relayé leurs inquiétudes : "En confiant à l’Urssaf la collecte des cotisations retraites, c’est une réforme des retraites qui ne dit pas son nom, dénonce Michel Beaugas, de Force Ouvrière, auprès de nos confrères. Le risque, c’est que l’État se serve, comme cela vient d’être fait avec Action Logement, dans les cotisations des salariés du privé pour financer d’autres dépenses."

La crainte des syndicats et des patrons réside dans la possibilité d'une dégradation du service pour les pensionnés :  "Il y a des doutes sur la capacité de l’Urssaf à répercuter les bonnes informations nominatives et exhaustives pour tous les salariés du privé", développe ainsi Eric Chevée, de la Confédération des petites et moyennes entreprises, l’un des signataires du courrier, interrogé par Capital. "Pourquoi générer des risques majeurs d’erreurs dans les droits à retraite des salariés en ajoutant un intermédiaire, l’Urssaf ?" réagit de son côté Brigitte Pisa, vice-présidente du régime, auprès du Parisien.

Dans un rapport publié en juin dernier, la mission d’évaluation et de contrôle de la sécurité sociale (MECSS) du Sénat a également estimé que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour réformer le système dès le 1er janvier 2023, et demandait son report à 2024.

"Les capacités de fiabilisation des données individuelles de la déclaration sociale nominative (DSN) des URSSAF ont été développées trop récemment pour permettre la mise en œuvre du transfert, qui ne présente qu’un intérêt résiduel en termes de simplification des démarches des entreprises et d’économies de gestion", affirment les rapporteurs.

De son côté, l'Urssaf affirme au contraire être prête pour recouvrer les cotisations dès 2023. "L'Agirc-Arrco a développé des outils et un savoir-faire pour fiabiliser les données à chaque déclaration des entreprises (...) Ces contrôles n'ont pas vocation à disparaître", a ainsi déclaré Yann-Gaël Amghar, directeur de l’Urssaf, dans une interview accordée à Capital en juin dernier.

Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (40)
26stress Il y a 1 année Le 28/10/2022 à 09:32

C’est comme l’augmentation des tarifs des mutuelles, cela devait servir au zéro reste à charge , et comme par hasard elles ont dégagées de excédents et qu’à fait l’état il a récupéré 1 milliard sur leur trésor de guerre c’est carrément de l’escroquerie , merci pour tous les retraités saignés à blanc après la la hausse de la csg ,la hausse de tarifs mutuelle et la réduction de la qualité des soins cette politique pose question.Alors les caisses de retraites du privé comme vos avoirs en banque aiguisent des appétits financiers , lorsqu’il n’y aura plus d’entreprise à dépecer ils s’attaqueront à nos sous.

Dastien.d25 Il y a 1 année Le 28/10/2022 à 09:03

Le prélèvement d'impôts à la source ne devait pas marcher, ça a marché
Parcoursup ne devait pas marcher, et pourtant impeccable

C'est toujours pareil en France : avec une boule de cristal noire de saletés, des gens voient tout en noir

le.fantome Il y a 1 année Le 08/10/2022 à 08:00

Créer des usines à gaz, voilà à quoi servent nos énarques.
Mais les Français aiment ça puisqu'ils se laissent tondre sans rien dire.